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  Après son premier livre : La voie du bouddhisme au fil des jours - être, aimer comprendre, publié chez Albin Michel en 2014, Olivier Raurich aborde ici la méditation par le biais d’un récit : une jeune femme part en montagne, parcourt les différents étages alpins (forêts, alpages, cascades, neiges, sommets) et découvre les divers aspects de la méditation à travers des paysages, des situations et des rencontres féminines. 

 

L’ouvrage est parsemé de poèmes et d’instructions de méditation délivrées sous forme brève, propres à inspirer l’émergence du véritable état de méditation dans tous les aspects de la vie. Il se situe au carrefour du récit poétique, du conte initiatique, de l’aventure en montagne au féminin et du manuel de méditation.

 

Il est accompagné d’un CD de lectures méditatives de certaines parties de l’ouvrage. Chaque piste est une méditation guidée à travers l’inspiration de la marche en montagne.  

Le fil des pas -
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La lumière des cimes -
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J

Deux extraits

 

 LA MONTÉE DANS LA FORET

Dans l’air piquant et le demi-jour du petit matin, Olivia monte à pas lents dans la forêt profonde de sapins. Le brouillard dense étouffe les bruits et limite la vue à quelques pas. Elle sent l’odeur de la résine, l’air humide se condense en une légère rosée qui se dépose sur son visage, ses mains, son sac à dos. Le silence est rarement troublé par les légers craquements de petits rongeurs qui regagnent leur repaire ; parfois un écureuil apparaît fugitivement au sommet d’une branche, puis s’évanouit dans un frémissement de brindilles. La première heure lui a paru pénible et ennuyeuse ; son esprit ne cessait d’anticiper l’arrivée au lointain refuge, de maudire la pesanteur du sac, le mauvais temps, la raideur de la pente, l’absence de tout téléphérique ou moyen mécanique susceptible d’écourter l’épreuve. Puis, petit à petit, l’agitation mentale s’est épuisée dans la durée et l’effort. Elle s’est établie dans la présence de chaque pas, balancement régulier propice à l’apaisement. Le pied se pose sur les racines et les pierres du chemin, l’équilibre se déplace doucement vers l’avant, l’autre pied se pose, la poussée tranquille conduit au pas suivant… Commencée dans l’agitation et la rébellion mentale, la montée la relie progressivement à l’harmonique fondamentale de son être.

Ici, sur cette pente, parmi les hauts sapins silencieux dont le faîte se perd dans la brume, la conscience de chaque mouvement prend une densité tellurique particulière, à l’image de la grande montagne. Oubliée, l’attente de l’arrivée ; évanoui, l’esprit instable pris dans un flot de pensées confuses, évocations et regrets du passé, agitations et craintes du futur. Comme la fine pointe d’un crayon bien taillé, le temps lui-même semble se raffiner et se condenser en une pure présence de l’instant. Calme et acuité sont ses compagnons de route. De cet effort réglé, de ce rythme imposé par les éléments naît paradoxalement un sentiment de liberté nouvelle, dense et forte. La brume qui l’enveloppe ajoute une note intemporelle en annulant l’idée même de départ et d’arrivée ; rien n’existe que le chemin, la haute futaie noyée dans la brume, l’odeur de la terre humide, des mousses et de la résine, le léger contact de la semelle sur les pierres…, le cours de chaque pas, lente progression suspendue hors du temps sur un versant oublié de l’agitation du monde et des hommes.

 

UNE NUIT AU REFUGE

Au milieu de la nuit, Olivia se réveille. La proximité inhabituelle des dormeurs, quelques ronflements, l'inconfort de la couche peut-être ? Plutôt l'exaltation d'être là-haut, blottie dans la modeste cabane sommairement posée sur le piton rocheux à flanc de montagne ; sensation cosmique d'appartenir à la planète Terre, immense vaisseau naviguant à travers l'infini de l'espace. Les respirations régulières des dormeurs se confondent comme en un souffle unique, le mouvement essentiel de la vie. De légers craquements rappellent que ce refuge est constitué d'une matière noble et vivante, de cette même forêt qu'elle a traversée ce matin. Ces quelques rondins la séparent d'une froide nuit minérale. Le refuge… 

 

Ici, blottie dans le nid douillet suspendu dans l'immensité, elle écoute… Elle tend ce sixième sens qui n'a pas de nom, le fil ténu de l'expérience intérieure. Elle sent palpiter au plus profond de son cœur une confiance sans objet, un bien-être fondamental qui ne dépend de rien. Cela n'élimine pas la fragilité : l'abri, le refuge sont nécessaires dans la vie. Chaque jour, on est amené à dépendre d'un être, d'une situation, d'une coïncidence. On doit travailler à assurer sa vie matérielle et affective, et celle de son entourage. Mais que se passe-t-il quand l'appui manque, quand on doute de l'autre, de soi ? Quand tout s'effondre ? Elle n'a pas de réponse définie. Mais dans cette nuit de souffles et de craquements légers, dans cette sensation aiguë de l'espace immense qui l'entoure, émerge pour la première fois en elle une certitude tranquille et indicible que quelque chose, au plus profond d'elle, ne l'abandonnera jamais ; une magnanimité fondamentale du monde qui permet de garder confiance et d'abandonner deux grandes addictions de l'existence : la peur et les habitudes. Elle reste quelques instants dans un état d'attendrissement inexprimable, puis replonge dans le sommeil comme un petit enfant.  

 

 

 

 

 

Table

 

1 -Conscience focalisée 

Le  fil des pas

 

2 – Conscience vive  

 Fleurs et rivières

 

3 – Méditation de l'accueil 

Les eaux cristallines

 

4 – Méditation sur la générosité

La grande cascade 

 

5 – Méditation dans l'épreuve

Neige et bourrasques

 

6 – Méditation sur le refuge 

Une nuit dans l'immensité

 

7 – Méditation sur la lumière 

La grande cime

 

8 – Méditation du OUI

Chemins arides et frais alpages

 

9 – Le conte du lièvre et de l'arc en ciel

 

10 – Méditation du réveil

Rayon d'or

 

11 – Méditation sur l'amour 

L'aile du papillon

 

12 – Méditation régénératrice

Pluie d'été

 

13 – Renaissance

Songe d'une nuit d'été

 

14 – Le conte d'Aurore, fille de l'espace et de la lumière

 

15 – Clarté 

L'enfant de l'altitude

 

16 – Chemins partagés

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